Saturday, January 2, 2010

Eros est un papillon



Cher Baron von Gloeden,

J'ai bien reçu vos voeux et je vous en remercie. Je vous souhaite moi aussi une très bonne année 2010, où que vous soyez.

Vous me posez un certain nombre de questions auxquelles je vais essayer de répondre. D'où vient mon intérêt pour Taormina ?  Pourquoi vos photographies m'inspirent-elles tant de rêveries ?  Pourquoi suis-je à ce point fasciné par le vintage ?

Il est vrai qu'à l'âge du WWW et dans le royaume du .jpeg, vos tirages albuminés semblent appartenir à la préhistoire de l'image numérique. Et en un temps où tant de blogs et de sites web invitent à voir des jeunes gens fort dénudés et engagés dans toutes sortes de jeux, vos photographie d'éphèbes à demi voilés semblent tout à fait has been...

Et pourtant... Ce qui me fait rêver est moins ce qui est montré en pleine lumière que ce qui est laissé à imaginer... Chacune de vos photographies invite à imaginer une histoire, à dire des mots d'amour, à réveiller des souvenirs oubliés...  Le désir, selon moi, se nourrit aussi de la distance, distance dans le temps, distance dans la représentation, qui met son objet, son sujet, de l'autre côté du miroir.

Il est vrai que votre imagerie m'inspire un désir teinté de nostalgie, un rêve anachronique où vos beaux modèles ne seraient pas que des ombres évanescentes...

Chacune de vos photographies est un tableau poétique et sensible, chacun de vos modèles est une ombre éphémère, comme tout être en cette terre, mais aussi un instantané de formes et de lumière éternel, comme les mots des poèmes qui peuvent survivre à la mort elle-même...

Cher Baron, les jeux du rêve et du désir, de la mémoire et de la sensualité, du langage et du regard ne seront sans doute jamais totalement élucidés, tant ils sont intimes et personnels.

Ces jeux me conduisent actuellement vers Taormina, sa lumière, ses arbres et ses garçons en fleurs. Vos photographies, cher Baron, font vibrer mes rêves et ma mémoire...

Eros est un papillon, cher Baron, on ne fait que courir, la main tendue, sa vie durant, pour attraper l'objet du désir et un jour on comprend que le plus important est de courir, et non d'attraper...

Butterfly



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