Friday, July 16, 2010

Conversation dans un Jardin / A Talk in a Garden



"— Ah, Wilhelm, j'aime tellement ton jardin...
— C'est mon paradis, Philip, le paradeisos que tout roi Perse aurait rêvé d'avoir, une oasis au coeur de mon désert Sicilien
— Ton jardin est à la fois sauvage et si travaillé, rien n'est laissé au hasard, sinon au hasard de la nature...
— Oui... J'aime le hasard et la nature... Tout ici est courbes et senteurs, couleurs et feuillages... J'aime lire dans mon jardin Homère ou Virgile, ou, parfois, me perdre dans le labyrinthe des rêves...
— Tu aimes la beauté des fleurs, Wilhelm...
— J'aime la beauté en fleur, dans cet entre-deux, entre le printemps de l'éclosion et l'été de la maturité...
— Tu aimes tes fleurs comme les garçons...
— Il faut attendre, Philip, il faut attendre le moment où les bourgeons éclosent. Les garçons sont des fleurs pour qui sait les regarder, et ces fleurs composent mes jardins intérieurs...
— Ces garçons-fleurs, Wilhelm, comment fais-tu pour si bien les photographier...?
— Il faut prendre le temps, le temps de les regarder, de laisser jouer la lumière et le vent, les ombres et les reflets, il faut que mes fleurs oublient l'oeil qui les regarde...
— Est-ce que tu parles aux fleurs, Wilhelm, aux garçons de ton jardin ?
— Je leur raconte Ulysse aux mille tours, Philip, je leur raconte Apollon et Narcisse, ou les jardins d'Adonis, je leur chante Dionysos et ses danses sauvages...
— Mais pourquoi tant de feuillages, Wilhelm, tant de feuillages autour des fleurs de ton jardin... ?
— Les fleurs nues ont leur charme, Philip, leur charme dans les bras de la nuit, mais j'aime aussi les drapés qui entourent les hanches et caressent les cuisses...
— C'est le visage, c'est le buste des fleurs qu'entourent les feuilles...
— Et le soleil et l'ombre, qui s'enroulent autour de mes garçons en fleurs..."

Transcription d'une conversation entre Wilhelm von Gloeden et Philip X.
Philip, Journal de Taormina, Hotel San Domenico, 25 mars 1895 (inédit, collection privée). 




"— Dear Wilhelm, I love so much your garden...
— It is my paradise, Philip, it is the paradeisos any Persian king would have dreamt to possess, it is an oasis in the heart of my Sicilian desert.
— Your garden is so savage and so cultivated at the same time, nothing seems left to chance, except to the chance of nature...
— Yes, you are right, I love chance and nature... Everything here is just curves, perfumes, colors and leaves... I love to read in my garden, to read Homer or Vergil, or sometimes just to loose myself within the labyrinth of my dreams...
— You love the beauty of flowers, Wilhelm...
— I love blossoming beauty, somewhere in between, between the spring of its birth and the summer of its maturity...
— You love your flowers like you love boys...
— You have to wait, Philip, you have to wait until buds open. Boys are flowers for the viewer who learnt to look at them, and these flowers are a part of my inner gardens...
— These boys in flower, Whilhelm, how do you catch them so well on your photographs ?
— You have to spend the needed time, the time to look at them, to let the light and the wind, shades and refletions play with them... My flowers should forget the eye looking at them...
— Do you speak to the flowers, Wilhelm, to the boys of your garden ?
— I tell them the story of the witty Odysseus, Philip, I sing for them Dionysius and its wild dances....
— But why so many leaves, Wilhelm, why so many leaves around your flowers ?
— Nude flowers have their own charm, Philip, their own charm when you hold them within your arms, during the night, but I love also loin clothes around their hips or caressing their thighs...
— Leaves are like a frame around a flower's face or torsoe...
— And sun and shade as well are surrounding my blossoming boys..."

Transcript of a talk between Wilhelm von Gloeden and Philip X.

Philip, Taormina Diary, Hotel San Domenico, March 25, 1895 (unpublished, private collection). 

Merci

Merci beaucoup pour vos messages d'amitié.

J'étais très loin de penser qu'un autre que moi pouvait prendre intérêt à ce blog et regretter sa suspension...

Presque un an déjà...

Je vais essayer de poursuivre mon voyage dans cette imagerie vintage et dans ces archives de von Gloeden, réelles ou imaginaire...

Merci encore et toute mon amitié à vous !

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Many thanks for the friendly comments to my recent post.

I was not suspecting this blog could be interesting for anyone else than me and that some of you were waiting for a new start after this silent time.

This blog started almost a year ago...

I will try to keep on posting and to push forward my journey in this vintage imagery and among von Gloeden's archives, historical and imaginary archives as well.

Thanks again, and all my friendly regards to the all of you !

Wednesday, July 14, 2010

Rêve

(Collection privée)

"Mon amant, mon frère,
Je te regarde de l’autre côté d'un miroir,
Du miroir de mon désir,
Endormi sur un lit de roses.

Mon amant, mon frère,
Au coeur de la chaleur du jour,
Lorsque le soleil aveugle la mer,
Je te regarde de l’autre côté du désir.

Tu dors après l’amour, tu dors comme un enfant,
Mon frère, mon amant,
Mon bel éphèbe nu,
Venu de la nuit de l'inconscient.

Je te regarde de l’autre côté d’un miroir d’argent,
Mon ami, mon bel amant,
Je regarde l’énigme endormie
Du garçon dont je ne sais pas le nom.

Je te regarde, mon amant, mon frère,
Je te désire au miroir d’une photographie."