Friday, July 15, 2011
Elégie à l'éphèbe roi
"Je suis un amant mais ne suis pas aimé,
Je suis un amant amoureux de toutes les beautés,
Je suis un amant qui rêve, mais qui n'ai pas rencontré la réalité,
J'attends l'éphèbe roi qui me comblera,
L'horizon de mes rêves, l'océan de mon désir,
Le désert à parcourir, l'oasis où m'abreuver...
Je suis un amant et je rêve tant d'être aimé,
Je t'ai croisé, mais tu ne m'as pas regardé...
Tu appartiens à un autre temps, je suis d'un autre monde.
Je t'aurais aimé dans une palestre d'Athènes,
Dans un Lycée ou une Académie où tu apprendrais la philosophie,
Je t'aurais aimé dans le Musée d'Alexandrie
Ou à tes côtés, dans le théâtre de Tauromenium...
Je suis un amant, peut-être rencontrerais-je celui qui m'aime,
Je rêve d'une âme autant que d'un corps,
L'âme d'un bel éphèbe dont la beauté sera mon horizon,
Mon désert et mon océan, le soleil où brûler mes yeux.
Je suis un amant si solitaire, j'aime des images,
Mais l'éphèbe rêvé prendra peut-être vie si je tourne la page.
Je t'aime dans mes rêves, je te rêve dans mes amours,
Mon bel éphèbe roi, venu de si loin pour m'inspirer le désir.
Ton sourire et ton regard, tes courbes et ta démarche,
Ta jeunesse et ta maturité, et la frontière fragile entre l'homme et le garçon,
Mon bel éphèbe roi, tu es le désert et l'océan, tu es le ciel et l'horizon.
Je t'attends, je te rêve, je me souviens de toi, que j'ai rencontré autrefois,
Si loin, si près, ici, là, hier, il y a si longtemps...
Je suis un amant, je ne serai jamais aimé,
Je suis l'amant qui aime les ombres, les ombres du temps jadis.
Et pourtant tu es là, si près, si loin, tu m'entends, je te vois.
Je rêve d'une âme autant que d'un corps, je rêve de tes lèvres autant que de ta voix,
Je t'aime dans mes rêves, mon bel éphèbe roi, tu ne seras jamais à moi,
Je suis dans le désert, le désert d'un désir sans oasis...
Peut-être un jour, dans une autre vie, peut-être un jour, dans un autre horizon,
Mon bel éphèbe roi, je me perdrai dans tes yeux comme dans une oasis du désir,
Et je dirai des mots d'amour, si près de tes lèvres, une caresse plus que des mots..."
Philip, Elégie pour un éphèbe inconnu, Archive von Gloeden, call number 1898/07/16/05.
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