Saturday, December 12, 2009

Metamorphoses




Les photographies de von Gloeden nous plongent dans une Antiquité rêvée, celle de Platon, de Théocrite et de Virgile, celle des bergers et des éphèbes en fleurs, celle d'un homoérotisme qui imprégnait toute la culture de ces temps anciens.

Cette utopie visuelle est créée à grand renforts d'accessoires — bandeau ou couronne végétale dans les cheveux, pagne négligemment posé sur les hanches, coupe tenue en main, tandis qu'un tonneau (anachronique !) donne à la scène sa tonalité dionysiaque.

Il y a aussi la mise en scène d'ensemble, une colonne à l'arrière-plan, le déhanché nonchalant d'un éphèbe, coupe en main, qui accepte la première caresse d'un autre, qui tient une oenochoé d'une main.

Les poses comme le dégradé des teintes des corps font référence à la statuaire antique, il est tant d'Apollon ou de Dionysos qui atteignent à ce degré de grâce et d'élégance...

Comme Ovide, von Gloeden était le poète des Métamorphoses. Il avait un don inné pour transformer, le temps d'une photo, les jeunes bergers et paysans des ruelles et de la campagne de Taormina. La nudité à l'antique faisait disparaître les humbles vêtements de la vie quotidienne. Les corps des garçons, extraits de la routine des travaux et des jours, étaient transfigurés dans une mise en scène qui en faisait les acteurs d'un théâtre du désir. Le désir de l'un pour l'autre n'était qu'une mise en abyme du désir de qui achéterait la photo ou ferait le voyage de Taormina pour rencontrer les modèles eux-mêmes.



Von Gloeden's photographs plunge us into a dreamt Antiquity, the Antiquity of Plato, Theocritus and Vergil, the Antiquity of shepherds and blossoming ephebs, in a homoerotic atmosphere that pervaded   the whole culture of these ancient times.

Such a visual utopia is created with the help of many props - a headband or a ivy crown through the hairs, a loincloth casually put around the hips, a drinking cup in a hand, while an anachronistic barrel provides the whole scene with its dionysiac touch.

Let's notice also the stage set up, a column at the background, an epheb standing with his one weight on a hip, holding a drinking cup in one hand, while he does not push away the caressing hand of another lad, holding a wine jug in his other hand.

The models poses as well as the gradation of their bodies tints refer to ancient sculpture: there are so many Apollo or Dionysius that reach this level of charm and elegance.




Like Ovid before him, von Gloeden was a poet in the art of metamorphosis. He had a unique gift for changing the whole appearance of young shephers and peasants one could meet in Taormina's lanes or countryside. While being nude, in the ancient way, the models could be seen without the modest clothes of their daily life. The photographer's stage set up transfigured these boys into the actors of a theater of dersire. The exhibited desire of one model for the other one mirrored and expressed the desire of the man who would buy the photo or who would perhaps travel to Taormina, in order to meet the models themselves.

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