Wednesday, September 8, 2010

A propos d'une photographie de Sébastien Paul Lucien

La Galerie d'Art parisienne "Au bonheur du jour" présentera du 22 septembre au 6 novembre une exposition sur les marins d'hier et d'aujourd'hui, en mettant en valeur des créateurs français contemporains, le peintre Narcisse Davim et le photographe Sébastien Paul Lucien, parmi des oeuvres "vintage" et rares, comme les dessins de Roland Caillaux, datant de l'immédiat après-guerre.

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Je ne connaissais pas l'oeuvre photographique de Sébastien Paul Lucien. Cette affiche est une découverte, et je quitte provisoirement la Sicile de von Gloeden pour des rivages plus lointains, l'Argentine et Buenos Aires. Cette photographie me fascine par sa poésie et sa force de suggestion... ou est-ce le pouvoir de séduction de Danilo, ce marin à l'arrogante jeunesse qui toise de son expression énigmatique l'objectif (subjectif ?) du photographe, et celui qui se tiendra face à la photographie: vous et moi...

J'aime la décontraction de ce marin en maillot de corps (et quel corps !). J'aime l'expression saisie par le photographe, ce regard droit dans les yeux, est-ce un défi, une invitation ? Une attente, une réponse ?

J'aime aussi l'arrière-plan, cet autre marin et son voilier, peints et sculptés sur du bois ? Sur le décor de plâtre d'un bar à matelots de Buenos-Aires ? La texture et l'usure, la patine du temps, l'érosion des vents, font contraste avec la force de l'âge du marin représenté en premier plan.

"Carpe Diem", dit peut-être cette photo... "Attrape la beauté, la jeunesse, l'amour, lorsqu'ils passent à ta portée... Répond au regard direct de Danilo et ne laisse pas partir le navire sans toi..."

Je ne sais pas pourquoi, cette photographie à mes yeux partage la même poésie que les dessins d'Enki Bilal. Sans doute est-ce le jeu, le contraste entre le personnage et son background visuel, une même méditation graphique sur la mise en scène des corps, sur l'empreinte du temps, sur la matérialité des murs et des architectures, sur l'érosion et la corrosion des choses et des êtres...

Cette photographie est un seuil: une invitation au voyage, un prologue romanesque, un seuil à franchir pour réaliser la plénitude d'une rencontre, de l'autre côté du miroir...