Saturday, October 31, 2009

Only in French




Cher Baron,

Je sais que j'ai déjà posté cette photographie sur mon blog.
Si, si, j'en suis sûr, prego, regardez ici:
Rêves Siciliens: Ode visuelle pour amandiers en fleurs Visual Ode for blossomed almond-trees

Je veux juste vous dire que j'ai pu acquérir un tirage original de cette photographie.

Je reproduis à nouveau l'exemplaire bien connu de la Fondation Alinari, à Florence, qui a acheté, dit-on, nombre de vos tirages et de vos plaques originales.

Sur ma photo à moi, il n'y a pas de tache, pas de tache sur la baie de Taormina.

Je suis amoureux de cette photo, cher Baron. Amoureux de sa sérénité, de son lyrisme, de sa quiétude, de son silence...

On discute aujourd'hui pour savoir si cette photographie est votre oeuvre ou celle de Giovanni Cruppi (1859-1925).

Cruppi fut, dit-on, votre maître ou du moins votre confrère. Entre votre oeuvre et la sienne, les frontières aujourd'hui sont tenues... La bande noire, au bas de la photo, avec le titre et le numéro de la photo, ne semble pas avoir été votre trademark, mais qui sait... ? Vous avez, semble-t-il, accueilli ces Mandorli in fiori dans votre catalogue...

Cher Baron, j'aime vos éphèbes et vos garçons, tout droit sortis du gymnase de Tauromenium, habillés des vers de Théocrite ou de Straton.

Mais j'aime aussi beaucoup cette photographie d'un paysage printanier, où deux garçons sont entourés d'amandiers en fleurs... J'aime ce que cette photographie nous laisse imaginer, le temps d'une rêverie, un instant d'éternité, un moment de quiétude où tout est en harmonie, les arbres, la lumière, le silence.

J'aime ce que cette photographie nous laisse lire et imaginer, sur les fils de vie de ces deux adolescents dont un moment de plénitude contemplative a été à jamais figé.

J'aime les questions que je me pose et qui jamais ne trouveront de réponse.

Von Gloeden's Homepage



Art, poésie, imagination, rêve arcadien et uranien, théâtre du désir homosexuel: les photographies du Baron von Gloeden relèvent un peu de toutes ces catégories. Sans doute faudrait-il aller plus loin. Comment l'aristocrate allemand excentrique de Taormina s'est-il fait un nom et une réputation dans l'Europe du début du XXe siècle ? Comment la rumeur s'est-elle répandue, comment les réseaux de diffusion se sont-ils constitués ?

Il faudrait reconstituer l'économie des photographies de von Gloeden. D'abord la rémunération des modèles, généreuse et régulière, dit-on, qui apporta un complément de ressources aux beaux garçons de Taormina. Nous avons là un modèle capitaliste où les modèles étaient intéressés aux résultats des ventes des clichés. Ensuite la diffusion des photos, leur vente aux amateurs, visiteurs de passage à Taormina, clients par correspondance, ou médias qui, sans doute, achetaient les droits de reproduction de certaines photos, comme la revue homosexuelle allemande "Die Freundschaft", à la fin des années 1920.

Bref, les photographies de von Gloeden n'existeraient pas sans un marché d'acheteurs, qu'il fallait atteindre par diverses publicités ou catalogues. Qu'il s'agisse de la devanture d'un magasin de Taormina ou des planches de photos exhibées aux visiteurs, l'oeuvre de von de Gloeden est soumise à la rationalité  du catalogue: date, numéro d'inventaire.



Au client de faire son choix, d'accorder ses désirs et ses fantasmes à la gamme de possibles offerts par le baron.

Un geste du doigt, un regard, un soupir, un silence suffisaient sans doute au baron pour comprendre quels étaient les modèles préférés d'un visiteur...




Art, poetry, imagination, Arcadian and Uranian dreams, theater of gay desire: baron von Gloeden's photographs could be described by these different categories. But one should probably push the investigation further. How did this German aristocrat build up such a fame in Europe at the beginning of XXth century ? How did the rumor spread out, how were diffusion networks built up ?

We should reconstruct the economical frame of von Gloeden's photographical activity. First, the way models were paid, in a generous and regular way, according to the sources: cute boys of Taormina were well paid for theiur modelling activity. It was a typical capitalist scheme, where models got royalties from the sales of the photographs. We should also consider the diffusion of photographs, the way they were advertised and sold to amateurs, to visitors in Taormina, to customers ordering through mail orders, to journals, who paid fees for reproducing some photographs, as the gay German journal "Die Freundschaft" did, at the end of the '20s of the XXth century.

Von Gloeden's photographs would not survive today without all those who ordered and purchased them.  These buyers had to be reached through adverts or catalogues. Through a shop window in Taormina or just a catalogue of available photographs displayed to customers, von Gloeden's work was organized according to a catalogue's rationality: date, call number.

It was up to the customer to choose, to make the fine tuning of his desires and fantasy with the range of available photographs.

Just a move of a finger, a gaze, a sigh, or a silence were enough, and von Gloeden could guess the models his visitor was in love with...

Thursday, October 8, 2009

Short Break



I will be travelling abroad during the few next days... My posts will resume around October 15. Please, stay tuned ! See you soon !

Je pars en voyage pour quelques jours... Mes posts reprendront vers le 15 Octobre. Merci de votre fidélité à ce blog ! A bientôt !

Saturday, October 3, 2009

Tendresse / Tenderness


Von Gloeden, n° 919 (1901 or 1903)
Private collection

J'aime la tendresse et la mélancolie qui émanent de ce jeune couple. Le garçon à la pipe porte sur son visage la gravité et l'air pensif de ceux qui ont trop vite grandi et que la vie n'a pas épargnés. Est-il un marin ou un pêcheur, comme pourrait le suggérer l'ancre sur son pull-over, et a-t-il maintes fois affronté les colères de la mer, dans ce détroit de Sicile réputé pour ses dangers ? Est-il un jeune Ulysse qui ne pourrait raconter son Odyssée autrement que par son visage appuyé contre celui de sa bien aimée ?

La photographie de von Gloeden est silencieuse: pas de mots échangés, tout se dit dans les regards qui ne se croisent pas, dans les mains qui se tiennent, dans un bras qui enlace.

La jeune fille aux lèvres entrouvertes dans un geste plein de tendresse saisit deux doigts de la main de son compagnon.

Silence, et pourtant tant de choses se disent dans les gestes, les regards et l'abandon des corps.

Histoire sans mots d'un amour juvénile, au seuil du XXe siècle.

Frère et soeur, jeunes amants, ou effets d'un art de la mise en scène ?  Cette photographie de von Gloeden (n° 919 inscrit au crayon bleu au verso) donne à voir la beauté d'un moment intime.

Le garçon est l'un des modèles qui traversent l'oeuvre du Baron de Taormina.




I love the tenderness and the melancholy emanating from this young couple. The boy smoking a pipe shows on his face the seriousness and the pensive expression of those who grown up too fast and who were not spared by life. He could be a sailor or a fisherman, as the anchor on his pull over could suggest. Perhaps he braved the angers of the sea, in the Sicilian straights so famous for their dangers... He could be a young Ulysses, unable to tell his Odyssey if not with his face gently leaning against his beloved girl friend's face ?




Von Gloeden's photograph is silent: no words are exchanged, everything is said through the eyes, through gazes that do not meet, through hands touch, through the arm of the boy around the girl's shoulders.



The young girl has her lips half open - a breathe ? a word ? With an infinite tenderness, she holds two fingers of her friend's hand.

Silence, but so many things are expressed through gestures, gazes and the relaxed poses of the bodies.

Is it the wordless story of a juvenile love, at the threshold of the XXth century ?

Brother and sister, young lovers or just an effect of a skillful stage set up ? This von Gloeden's photograph (n° 919, written with a blue pencil on the back) shows the beauty of a moment of intimacy.

The boy is one of the favorite models of the Baron of Taormina...

Recommended Book



Wilhelm Von Gloeden, Guglielmo Plüschow, Vincenzo Galdi
Paradis Sicilien
Paysages, Portraits, Nus 1890-1905
Editions Nicole Canet
Galerie Au Bonheur du Jour
Paris, 2008
96 p.
ISBN 2-9523322-5-8

Ce livre peut être commandé
This book can be ordered

Recommended Book




Von Gloeden
Fotografie: Capolavori dalle collezioni Alinari
Coordinamento scientifico: Monica Maffioli
Responsabile editoriale: Giovanna Naldi
Redazione del catalogo: Maria Possenti
Firenze, Fratelli Alinari, 2000, 95 p.
ISBN 88-7292-337-9

Thursday, October 1, 2009

A suspended time...



I love the vintage patina of this von Gloeden's photograph: an indefinable colour, a unique texture that remind me some ancient frescoes...  I love also the relaxed pose of this young model, comfortably sitting on an embroidered carpet, one among the many props used by the Baron of Taormina. Nothing anachronistic here: the sandals with thin straps of leather around the calf, a headband dividing a black hair. We are in Athens, fifth century BC, under the shade of a gymnasium portico. Or is it Phidias studio, were ephebs were posing for the sculpting of the frieze of Parthenon ? Or are we in Pompei, the Campanian city of the dolce vita, the day before the Vesuvius eruption ?

We are in von Gloeden's imaginary world, between a dreamt Antiquity and a new century just beginning... The beginning of a new world, of a new era, the eve of modernity... when Classica Antiquity was the long way to go around to express a homoerotic vision and desire that could not be socially  understood and accepted yet.

This pensive epheb fascinates me with his studied indifference, with his relaxed beauty, with the balance of what he shows and what he hides, of what he tells us and what he let us imagine. Von Gloeden has a unique way to depict a suspended time, to let the viewer imagine the whole story, before and after the photographic shot.

This photograph tells me a sensual story stamped with an undefinable poetry, perhaps a nostalgia for a lost paradise...

Recommended book



Vincenzo Mirisola, Giuseppe Vanzella
Sicilia Mitica Arcadia
Von Gloeden e la "Scuola" di Taormina
Palermo, Edizioni "Gente di Fotografia", 2004
ISBN: 88-88290-05-2
44 euros