Friday, December 11, 2009

Je vis dans la splendeur grecque / I live within the Greek splendor



Pourquoi suis-je tant ému par cette carte écrite par un certain C. Hepp, depuis Taormina, le 30 Novembre 1899 ? "Je vis dans la splendeur grecque". Ces quelques mots expriment une plénitude, un bonheur, une expérience unique qui dépasse les limites du récit ou de la description. "J'écrirai de Catane", de plus loin, en m'étant arraché à la fascination de Taormina.

Les ruines du théâtre grec, ouvertes sur l'horizon de la mer et de l'Etna, disent la présence monumentale de l'Antiquité, et évoquent Eschyle, Sophocle, comme Euripide ou Aristophane, ou les poètes comiques postérieurs.

Mais "vivre dans la splendeur grecque" ne se résume pas à un éblouissement archéologique. "Je vis" est au présent, affirme un moment fort d'une existence, une expérience existentielle unique.

Von Gloeden est établi à Taormina depuis 1876. En 1899, son imagerie d'éphèbes et de bergers arcadiens a depuis longtemps contribué à façonner le paysage et la réputation de ce village sicilien, à en faire le lieu où les désirs et les amours garçonniers pouvaient se projeter dans des visages et des corps qui reliaient le présent aux utopies antiques, où poètes et sculpteurs chantaient les beautés de l'adolescence.

Est-ce que les ruines de Taormina suffisaient à susciter un tel enthousiasme chez un visiteur en 1899 ? Sans doute pas. Ce qui me frappe et m'émeut est l'affirmation: "Je vis". Naissance, renaissance, épanouissement, de qui s'accomplit dans son désir. "Splendeur". Eblouissement... La beauté, plus que le soleil... Source de lumière et d'inspiration, source vitale. "Splendeur grecque": là où admirer la beauté d'un corps ou d'un visage de son sexe n'était pas stigmatisé, là où ce désir pouvait s'affirmer sans enfreindre les cadres, les règles de la morale dominante.

"J'écrirai de Catane".

Cher C. Hepp, je n'ai pas reçu votre lettre de Catane. Peut-être viendra-t-elle un jour, je l'espère, je l'imagine... Dans cette lettre, vous me direz, je suppose, ce qui s'est passé à Taormina...

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Why am I so moved by this vintage postcard written by  C. Hepp from Taormina, on November 30, 1899 ? "I live in the Greek splendor". These few words express a plenitude, a happiness, a unique experience that goes far beyond the reach of a narrative or of a description. "I will write from Catania", when I will be out of reach of the fascination of Taormina.

The ruins of the Greek theater allow the gaze to reach the horizon of the sea or of Mount Etna. They express the monumental presence of Antiquity, they evoke Aeschylus, Sophocles as well as Euripides or Aristophanes or all the later comic playwriters.

"Living within the Greek splendor", however, is not only the result of a archaeological dazzle. "I live", in the present tense, put the emphasis on a great moment of an individual existence, on a unique experience.

Von Gloeden is established in Taormina since 1876. In 1899, his photographs of ephebs and arcadian sheperds contributed in a decisive way to shape the landscape and the fame of this Sicilian village: in this place, desires and love for young men could be projected onto actual faces and bodies, linking together the present and ancient utopias, when poets and sculptors were singing the beauty of teen boys.

Could Taormina's ruins inspire such an enthusiasm for a tourist visiting them, in 1899 ? Probably not... I am striken and moved by this statement: "I live". Birth, rebirth, fulfilment of some one who blossoms through his most intimate desires. Time for bedazzlement... Beauty more than sun... A spring of light and inspiration, a spring of life... "Greek splendor": in this place, admiring the beauty of a body or a face of someone of the same sex was not a taboo, and through this aesthetic and cultural mediation, this desire could be expressed without going against the frames, the rules of prevailing ethics .

"I will write from Catania".

Dear C. Hepp, I did not receive your letter from Catania. Perhaps I will receive it soon, I hope so, I imagine it... In this letter, I guess, you will tell me what happened in Taormina...

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