Saturday, March 20, 2010

Fragment d'un journal taorminien

"J'aimerais, comme Empédocle, mourir dans les feux de l'Etna en ne laissant qu'une sandale comme trace de mon passage.

J'aimerais me perdre dans les lointains brumeux, entre ciel et mer, entre Charybde et Scylla.

J'aimerais m'effacer lentement comme une photographie fragile exposée à une trop forte lumière.

J'aimerais m'éteindre comme une voix qui vient de chanter une aria sublime.

J'aimerais m'évanouir comme un songe, comme une ombre, comme un souffle.

L'espérance s'en est allée d'un coup d'ailes, ne reste que la souffrance.

Trop d'appels sans écho, trop de silence dans ma vie.

Peut-être n'est-ce pas mon jour...

Solitude. Aimer. Solitude. Aimer.

Solitude."

Philip, Journal de Taormina, Hotel San Domenico, 20 mars 1895 (inédit, collection personnelle).

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