Sunday, August 2, 2009

Sourire



Il me plaît d'imaginer ce moment où les garçons de Taormina réprimaient leur fou rire ou simplement leur sourire pour prendre la pose et regarder d'un air absorbé, le temps de la prise de vue, une fleur tenue du bout des doigts tandis que les fesses nues prennent un léger appui sur le rebord d'un élégant vase en pierre.

A quoi pouvait donc penser cet éphèbe nu, dont la brune chevelure est ceinte d'un bandeau blanc, qui offre à l'oeil mécanique du baron Von Gloeden le modelé de sa poitrine imberbe, l'inclinaison pensive de son visage, ses jambes pudiquement serrées, au milieu d'un jardin paradisiaque, le paradeisos des rois Perses, le jardin plein de fleurs et d'oiseaux de Von Gloeden lui-même ?

J'aime ce regard qui, pour toujours, se dérobe au notre, et préfère s'absorber dans la contemplation d'une fleur plutôt que dans le face à face avec une lentille d'appareil photographique, qui l'aurait obligé à sortir du monde qui est le sien...

Jardin plein de fleurs, fleur de la jeunesse, garçon en fleur...

Comme souvent avec Von Gloeden, le temps de la pose saisit un instant d'éternité...

No comments: