Wednesday, August 5, 2009

Jean-Xavier de Combeloup - Du Vésuve à l'Atlas



Si vous passez par Paris, en ce mois d'août, ne manquez pas les derniers jours de la superbe exposition consacrée à Jean-Xavier de Combeloup par la Galerie "Au Bonheur du Jour" (11 rue Chabanais - 75002 Paris), animée par Nicole Canet, qui depuis plusieurs années, avec courage et talent, invite à découvrir ou redécouvrir l'art de la photographie érotique du début du XXe siècle, féminine ou garçonnière (Von Gloeden, Vincenzo Galdi, Von Plüschow, Lehnert & Landrock, Chatelain...), ainsi que les dessins d'artistes comme Jean Boullet ou Gaston Goor. 

Chacune des expositions de la Galerie "Au Bonheur du Jour"  est accompagnée d'un catalogue à tirage limité, qui offre généreusement les reproductions des oeuvres présentées, en impression de grande qualité.


Je ne connaissais pas Jean-Xavier de Combeloup. Le catalogue de l'exposition nous apprend que cet artiste découvrit très tôt sa vocation, en composant des petits recueils de poésie illustrés dès l'âge de 12 ans. Interne dans un collège de garçons, il suivit une formation de lettres classiques, sans entrain, est-il dit. Du moins acquit-il l'amour du grec et du latin, le virus d'un certain rêve méditerranéen immortalisé par Théocrite, Virgile ou Straton de Sardes, dont les belles poésies garçonnières se déploient dans le livre XII de l'Anthologie Palatine, qu'il convient de lire, comme Combeloup, en grec, et non dans les traductions modernes, trop souvent affadies par des hellénistes sourds à la musique qui se dégage de ces épigrammes du désir. 

Jeune adolescent, notre artiste avait découvert dans le grenier du château familial une collection de 42 épreuves albuminées du baron von Gloeden, héritées du marquis d'Yzumes, son grand-oncle, qui avait fait le voyage de Taormina (son voyage de noces !).

J'imagine la surprise de cette découverte, l'étonnement, la fascination, les harmoniques sensibles...

Bachelier à l'âge de 17 ans, Jean-Xavier part pour l'Italie, gagne sa vie comme garçon de café tout en suivant des cours de dessins dans les académies de Florence et de Rome. Il fut à bonne école.

Ce talent et ce savoir-faire artistiques, il les mit à profit pour saisir dans leur beauté les garçons des rivages méditerranéens de son temps, sur les pas de Von Gloeden, de Roger Peyrefitte et d'autres nostalgiques des Arcadies perdues. Italie, Sicile, Afrique du Nord, Egypte...? Un périple dans le sillage de tant d'artistes et de lettrés, en quête de paradis perdus...



Peintures, pastels ou dessins, les oeuvres exposées sont autant d'odes visuelles à la jeune beauté masculine, vue ou rêvée à travers les canons de la tradition antique et de ses réinterprétations modernes dans l'art de photographes comme Von Gloeden et Von Plüschow.

Ephèbes pensifs aux poses alanguies, ragazzi aux yeux sombres, garçons rêvés comme à travers la chambre noire de Gloeden, beauté des corps juvéniles saisie dans le vif d'un croquis ou le halo d'un souvenir, koûroi grecs qui ont pris vie, le temps de se figer sous le crayon de l'artiste.... Entre-deux d'une rencontre, archive d'un désir, mémoire d'un éveil ou d'une caresse, musique des sens, prégnance d'une pose du corps ou d'une moue du visage, inoubliables...

Les dessins de Jean-Xavier de Combeloup participent d'un art de la mémoire et sont autant de fragments sensibles d'un journal amoureux...

Chacun  de ces dessins a une âme et une histoire, comme le suggèrent les carnets de l'artiste, exposés sans qu'on puisse les feuilleter, qui racontent, devine-t-on, de longs voyages dans les mondes de la beauté, du désir et de la mémoire....

Ces dessins parlent et chantent, du moins à mes yeux...

No comments: