Friday, February 12, 2010

Essebac sur Mercure et Narcisse (Musée de Naples)


"Dans le Mercure au repos comme dans la statuette ravissante de Narcisse, c'est amoureusement modelée par des maîtres dont la science exalte le rythme cher à l'école Praxitélienne, la plus sublime conception de la vie corporelle ramassée toute en les contours charmants, en la grâce et la force déjà viriles de la jeunesse offrant aux regards sa radieuse et saine nudité.

C'est un ravissement, cette statuette de Narcisse, dont la tête riante et mutine, aux traits spirituels, doucement s'incline en avant, retenue sur des épaules robustes par la nuque enveloppée des boucles légères d'une chevelure répandue en ondulations soyeuses autour du beau visage de l'adolescent et sur son front couronné de feuillages. Sa poitrine aux rondeurs masculines descend jusqu'au ventre sans effort, dans le modelé d'un torse impeccable. A la grâce de ses bras et de ses mains fines aux gestes gamins et frivoles, s'unit délicieusement le dessin ferme des cuisses et des jambes aux lignes précieuses.



Les pieds impatients qui semblent à peine peser sur la terre, sont à demi cachés dans des cothurnes d'une recherche surprenante: les courroies ornées de ciselures s'écartent et laissent voir la délicatesse des chevilles, l'extrême légèreté des attaches, attestant ainsi l'art du sculpteur jusqu'en les plus infimes détails de cette fragile figurine qui demeure comme un type achevé du plus pur atticisme, et la réalisation parfaite de ce tout harmonieux qu'est un jeune corps.



Sur un roc chargé du faix gracieux de ses formes juvéniles, Mercure repose en une attitude calme et naturelle. On sent, à travers la patine du bronze, la saveur tiède du modelé, le soin et le fini suprêmes du travail. On voit se précipiter à travers la chair le flux de la vie; et devant ces formes raffinées, l'esprit a peine à concevoir autant l'éblouissante et invraisemblable beauté des modèles, que le génie subtil et la passion des maîtres qui savaient les copier pareillement...

Ils devaient les aimer, ces jeunes hommes, ceux qui, de leurs doigts, ont taillé dans le marbre, pétri dans la glaise et ciselé dans le bronze la gloire de leurs corps empreints d'une élégance telle qu'il ne paraît pas que la nature même ait jamais offert une semblable perfection. Et cependant ils ont vécu, ces adolescents, embellissant par leur seule présence la vie quotidienne de la Grèce antique. Chacun les voyait aller, chastes et nus, sous les portiques des gymnases, luttant de grâce, d'adresse et de force, beaux et fiers, comme le Doryphore de Polyclète, — cet autre chef-d'oeuvre,— épanouis en la plénitude des formes qui annoncent à l'enfant assoupli aux jeux de la palestre sa transformation virile et prochaine. Leurs figures reflètent encore, dans les marbres qui nous enchantent, la sérénité de l'esprit, le calme de tout l'être confiant en sa robustesse, heureux de s'offrir sans voiles sous l'azur du ciel, de dorer sa blonde nudité, ou de tremper la floraison brune de sa chair aux rayons ardents du soleil, très pur, ignorant même s'il est nu..."

Achille Essebac, Partenza... vers la beauté !, 3e éd., 1903, pp. 148-150.

2 comments:

José Miguel said...

Una reproducción de esta estatuilla de Narciso aparece en numerosas fotografias del barón, así como en algunas de Von Pluschow.

Une reproduction de cette statuette de Narcisse apparaît dans de nombreuses photographies du baron, ainsi que dans certains de Von Pluschow.

Butterfly said...

Cher José Miguel,
Merci pour votre commentaire ! Cette coïncidence prouve que Essebac, Gloeden, Plüschow et bien d'autres, avaient bon goût et partageaient le même idéal esthétique...