"Grèce, ô rivage clair, patrie du doux soleil,
O mère des parfums, des gaités et des roses,
Toi que les voyageurs saluent toujours à cause
Du souvenir épars sur tes coteaux vermeils,
Tu ne créas jamais de ton ciseau splendide
Une statue plus belle ou un enfant plus blond
Que le berger Daphnis dont sur le Pélion
J'ai gardé les troupeaux et les rêves candides.
Pendant des jours d'oubli, à l'ombre de son coeur,
J'ai goûté la langueur d'adorer sans le dire:
Oh ! moi qui frissonnais rien qu'à le voir sourire,
Il partit ignorant de ma lourde douleur !
Car depuis qu'il est loin, que j'ai perdu son charme,
Je suis comme un héros retenu prisonnier,
Mes membres sont d'argile et mes yeux ont brillé
Sans pouvoir ressaisir la poignée de mes armes.
... Grèce, ô rivage clair, patrie du doux soleil,
Rends à ma nostalgie, à mon désir qui chante
Le berger, l'enfant blond dont la beauté me hante
Et dont les yeux sont purs encor plus que ton ciel !"
Jacques Adeswärd-Fersen, L'Hymnaire d'Adonis,
Paris, Librairie Léon Vanier, 1902, pp. 11-12.
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