Pourquoi suis-je si fasciné par ces cartes postales du début du XXe siècle, où l'écriture manuscrite d'inconnus entoure gravures et photographies de Taormina ? 1903, 1904, 1905... Allemands (nombreux), français, autant de traces d'un moment de vie, de l'étape d'un voyage, de la pensée pour un autre, d'une vision partagée. Ce que racontent ces cartes, c'est la lumière de la Sicile, les panoramas de Taormina, les fumées de l'Etna lointain, peut-être aussi un Eldorado trouvé dans une quête des origines et de la beauté. Taormina, son théâtre grec, ses hôtels de luxe, et l'étrange imagerie homoérotique produite par un baron allemand excentrique qui libère les rêves arcadiens et les désirs enfouis de tant de visiteurs étrangers.
Ces cartes postales sont des histoires de vies, et j'aime imaginer que parmi ces touristes du début du siècle se trouvaient des esthètes sensibles à la beauté des bergers et des jeunes satyres, des éphèbes et des dieux enamourés que l'on rencontrait sur les photographies de von Gloeden.
Si les techniques d'impression et de gravure font de ces cartes postales des objets en série, des reproductions mécaniques dans une industrie de l'image, comme l'a si bien analysé Walter Benjamin, l'écriture manuscrite qui emplit les blancs et encadre la photographie rend chaque objet unique, témoin irremplaçable d'une histoire qu'il nous faut imaginer...
Why am I so fascinated by these vintage postcards from the early XXth century, where unknown writers wrote around engravings and views of Taormina ? 1903, 1904, 1905 ... Many German, French too... these writers left a trace of a step in their life, of a step in a journey, of a thought for a loved one, of a vision they wanted to share. These postcards tell the story of the Sicilian light, of Taormina scenic landscapes, of the remote smokes of Mount Etna, perhaps also the discovery of a new Eldorado found during a quest of origins and beauty. Taormina, its Greek theater, its luxurious hotels and the weird homoerotic imagery produced by a eccentric German Baron, opening a free space for the Arcadian dreams and secrete desires of so many foreign visitors...
These vintage postcards tell the stories of unknown, but real lives, and I love to imagine that, among these tourists travelling to Taormina at the beginning of XXth c., there were esthetes not totally unsensitive to the beauty of sheperds and young satyrs, of ephebs and loving gods one could meet on von Gloeden's photographs.
Through printing and engraving technics, these postcards result from a mass production, they are mechanical reproductions created through industrial processes, according to Walter Benjamin's characterization. At the same time, however, handwriting makes each of these postcards a unique artefact, filling up blank spaces, framing the picture with words and letters. These postcards are unique testimonies of unknown lives we have to imagine...
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