Thursday, December 30, 2010
Perfection (English)
"You are said to be the work of the sculptor Critios and you are known as "The Critios Boy". You are a boy made in white marble, you are a gift of the gods, a gift to the gods, and a long time ago, you were set up on the Athens acropolis, under the Attic sun light... It was in 480 BC, Xerxes and his Persian army just entered Athens, they looted and destroyed the acropolis itself. You felt down on the ground, you lost your head under the shock.
In 1865, the archaeologist Sam Rumpf found you in the acropolis ground. Your head was found in 1898.
About Critios, we know only the part he played in the blossoming of Classical Greek sculpture: he was among the very first to give life to the rigid bodies of traditional kouroi, to give life to the contours of marble body, in its harmony as well as in its subtle dissymetry, in the light swaying of the hips that make the sublime dynamics of a standing up young man.
About you, the boy who modelled for Critios, we know nothing, despite the fact your youth and your beauty are so present under our eyes today. I love to imagine you, while you were posing nude in the sculptor's workshop, while the sun light was caressing the relief of your body. "Stay still", Critios was telling you, "don't move, my boy, kalos, kalos ho paîs...". There is so much love in this marble statue... Such a sensitivity, such a way to look at what makes blossoming teen boys so close to Greek boys, so close to Apollo and Eros. The marble stone is still celebrating today the contours and the shape, the shades and relief, the life and youth emanating from your body, from the stone your body are made of. Most certainly, you were loved by Critios.
I met you again among the "Ragazzi" of the German photographer Konrad Helbig, a lover of ancient Mediterranean landscapes, of Crete, Attica and Sicily. He dreamt about you too and the result is a sublime photograph, where shade and light, black and white are transforming your body into a pure outline, into the quintessence of beauty, into a visual melody with so many sensual curvatures...
I share the way Critios looked at you, I share the way Konrad Helbig looked at the Critios sculpture, and everything in your white marble body is singing to my eyes, your body so close, so far away...
Some special boys offer an horizon for so many dreams, and even marble is living, when it is caressed by a gaze...
Philip X, Dreams of a Lonely Lover (unpublished manuscript).
Perfection
"On dit que tu es l'oeuvre du sculpteur Critios, et on t'appelle "Le garçon de Critios". Tu es un garçon de marbre blanc, un don des dieux, une offrande aux dieux, et tu fus placé sur l'Acropole d'Athènes, sous la lumière du soleil attique. C'était en 480 avant J.-C., Xerxès et l'armée des Perses venaient de s'emparer d'Athènes, ils mirent la ville à sac, ils montèrent sur la colline sacrée et dévastèrent tout... C'est alors que tu fus renversé sur le sol, tu fus décapité sous le choc.
C'est en 1865 que l'archéologue Sam Rumpf te découvrit. Ta tête ne fut retrouvée qu'en 1898.
On ne connaît de Critios que son rôle, dans l'épanouissement de la sculpture grecque classique: il fut l'un des premiers à donner vie au corps rigide des kouroi d'antan, à faire vivre le modelé d'un corps, dans son harmonie comme dans ses subtiles dissymétries, dans le léger déhanchement qui sublime les dynamiques d'un jeune homme se tenant debout.
De toi, le modèle de Critios, nous ne savons rien, même si ta jeunesse, ta beauté vivent encore sous nos yeux. Il me plait de t'imaginer, posant nu dans l'atelier du sculpteur, alors que la lumière du soleil caressait les formes de ton corps. "Tiens la pose", te disait peut-être Critios, "ne bouge pas, mon garçon, kalos, kalos ho paîs...". Il y a tant d'amour, dans cette statue de marbre... Une telle sensibilité, un tel regard sur ce qui rapproche les adolescents dans la fleur de l'âge des dieux grecs, d'Apollon et d'Eros. Le marbre chante encore les courbes et les formes, les ombres et les reliefs, la vie et la jeunesse qui émanent de ton corps de pierre. Sans doute étais-tu l'aimé de Critios...
Je te retrouve, en noir et blanc, parmi les "Ragazzi" du photographe allemand Konrad Helbig, un amoureux des Méditerranées antiques, entre la Crète, l'Attique et la Sicile. Il t'a rêvé dans cette sublime photographie, où l'ombre et la lumière, le noir et le blanc, réduisent ton corps à une épure, à la quintessence de la beauté, à une mélodie visuelle tout en inflexions sensuelles...
Je partage le regard de Critios, je m'identifie à la vision de Konrad Helbig, et tout chante à mes yeux dans ton corps de marbre blanc, si proche, si lointain.
Certains garçons sont l'horizon d'un rêve, et même le marbre prend vie sous la caresse d'un regard."
Philip X, Rêveries d'un amant solitaire (manuscrit inédit).
Sunday, December 26, 2010
Rêveries
"Mon cher Wilhelm, mon vieil ami,
Je ne me lasse pas de rêver de Taormina, des temps heureux que j'ai passés dans le village, de mes promenades dans ses paysages sublimes, des moments de rêverie partagés avec vous, sur une terrasse, sur un chemin, dans le théâtre grec, dans votre jardin...
Comment oublier Pasquale et Peppino, Giovanni et Pietro, et tant d'autres qui sont les acteurs de votre merveilleux théâtre d'ombres et de lumières... Comment oublier les rires et les chants, les regards et les silences, et les étonnantes métamorphoses de von Gloeden, bien dignes de celles d'Ovide, qui transforment bergers, pêcheurs et paysans en éphèbes arcadiens, en jeunes dieux Olympiens...
Vos photographies, mon vieil ami, me réchauffent le coeur dans l'hiver de ma vie, elles m'invitent au théâtre de l'imaginaire, où l'on oublie le temps, la réalité, pour vivre mille autres vies, ailleurs, autrefois, autrement...
La photographie de vos garçons est l'art le plus platonicien qui soit... Art platonicien, car comme le disaient les philosophes anciens, la beauté des garçons ne pouvait échapper qu'aux aveugles — il leur restait cependant le son de la voix, les rires, la douceur d'un visage lu au bout des doigts, la caresse d'une main...
Des garçons de Taormina, vos photographies nous donnent de capter et de posséder l'essence, la quintessence, un reflet déposé sur une feuille de papier, au terme d'un processus digne des plus grands alchimistes... Nous passons des corps à l'image, qui immortalise leur beauté et pérennise leur jeunesse... Mais l'image, les images, celles que l'on collectionne patiemment au fil de sa vie, au fil des voyages à Taormina, vos photographies, mon vieil ami, conduisent à se détacher des beaux garçons pour atteindre à la beauté des garçons, à son concept, à son idée, à son essence intemporelle...
Chacune de vos photographies, Wilhelm, est un soleil resplendissant d'évidence, et je me sens comme un nouvel Icare, attiré par la lumière au risque de me brûler les yeux, de me brûler le coeur...
Certains rêves sont de tels moments de plénitude, il n'est de vrai de désir que pour les horizons que l'on ne pourra atteindre...
Votre ami
Philip"
Philip, Lettre à Wilhelm von Gloeden, 26 décembre 1897 (Von Gloeden Archive, call number 1897/12/26/1)
Saturday, December 25, 2010
Wednesday, December 22, 2010
Un poème pour Pasquale
"Viens bercer mes regrets:
Nos pensers, en secret,
Etouffent de présages...
Dans tes yeux j'ai revu
Les vaisseaux disparus
Vers de bleus paysages !
Sur les lacs de ton corps
Leurs lents sillages d'or
Avaient l'air de poursuivre
Un tendre oiseau marin
Que mon rêve orphelin
Escortait d'un vol ivre...
Nous irons, si tu veux,
Plus tristes et plus vieux
Jusqu'à des Birmanies
Où tout fait tant souffrir
De beauté, de désir
Et d'ardente jeunesse,
Qu'on hume sur la peau
L'opium des sanglots
Aux inertes sagesses ! "
Jacques d'Adelswärd-Fersen, "Nostalgiques", dans: Ainsi chantait Marsyas, Poèmes, Florence et Paris, Librairie Léon Vanier, Editeur, 1907, p. 33-34
Monday, December 20, 2010
Pasqualino
Il y a encore à Taormina aujourd'hui un vieil homme qui se souvient de toi, mon Pasqualino. Il a connu Wilhelm von Gloeden à la fin de sa vie, il a bien connu aussi Pancrazio Bucini, son fidèle ami et assistant.
Ce vieil homme t'a reconnu et identifié, car tu étais l'un des modèles favoris de von Gloeden, et de photographie en photographie, on peut suivre les étapes de ta jeunesse, l'épanouissement de ta beauté, de l'adolescence vers la maturité.
Pasquale Stracuzzi. Tu t'appelles Pasquale Stracuzzi... Puis-je t'appeler Pasqualino ?
Tu es enterré au cimetière de Taormina, m'a dit ce vieil homme. Tu es là, parmi les tiens, aux côtés d'une épouse peut-être, ou de parents...
J'irai fleurir ta tombe, Pasqualino... J'irai fleurir ta tombe avec les fleurs des amandiers de Taormina, au printemps, lorsque la lumière est si douce et que les dernières neiges de l'Etna s'estompent, comme des souvenirs, comme des regrets...
Je te parlerai doucement, comme à un ami de toujours, toujours aimé, jamais rencontré. Je te parlerai de moi, Pasqualino, je te parlerai de mon amour de la photographie ancienne, je te parlerai de toi, que je connais si bien sans t'avoir jamais rencontré.
Il me semble presque entendre ta voix, ton accent chantant et tes rires, la musique chantante de ton accent sicilien...
Pasqualino mio, on dit que les héros aimés des dieux meurent jeunes, dans la fleur de l'âge.
L'art photographique de von Gloeden t'a immortalisé dans ta jeunesse, tu es jeune à jamais.
Mais oui, un jour, bientôt, j'irai fleurir ta tombe, Pasqualino... J'irai fleurir ta tombe avec les fleurs des amandiers de Taormina, au printemps, lorsque la lumière est si douce et que les dernières neiges de l'Etna s'estompent, comme des souvenirs, comme des regrets...
Dors en paix, mon ami, mon Pasqualino de Taormina, mon bel éphèbe grec qui me fait tant rêver.
Dors en paix, Pasqualino Stracuzzi, je viendrai te voir au printemps, lorsque tous les amandiers de Taormina chantent ton éternelle jeunesse
Pasqualino (English)
In Taormina today, there is still a very old man who remembers about you, my Pasqualino. He knew quite well Wilhelm von Gloeden in the last years of his life, he was acquainted too to Pancrazio Bucini, his long time friend and assistant.
This old man recognized you, he identified you, because you were one of von Gloeden's favorite models, and from one photograph to another one, the viewer can follow the steps of your youth, the blossoming of your beauty, from our teen years to your manhood...
Pasquale Stracuzzi. It is your name, Pasquale Stracuzzi... May I call you Pasqualino ?
According to this old man, you are buried in the cemetery of Taormina... You are resting in peace, among your loved ones, perhaps your wife, your parents...
I will put flowers on your grave, Pasqualino... I will put flowers on your grave, flowers of Taormina's almond trees, at spring, while sun light is so sweet, while snow on Mont Etna's slopes is fading away, like memories, like sorrows...
I will gently talk to you, as one talks to a long time friend, to someone I always loved, but I never met. I will tell you about me, Pasqualino, I will tell you about my love of vintage photography, I will tell you about your, I know you so well, although we never met...
I learnt to read your gaze, Pasqualino mio, I can read in your eyes your hard life in Taormina, at the threshold of the XXth century. I can read what made you happy, your hopes, your fears, your fatigue, your dreams too, when you are looking straight into the eyes of the future.
I could almost hear your voice, your singing accent and your laughs, the melody of your Sicilian accent...
Pasqualino mio, ancient heroes loved by gods, according to the legend, were dying young, in their blossoming youth...
Von Gloeden's photographic art made you immortal in your blossoming youth, you are young forever...
Soon, quite soon, I will put flowers on your grave, Pasqualino... I will put flowers on your grave, flowers of Taormina's almond trees, at spring, while sun light is so sweet, while snow on Mont Etna's slopes is fading away, like memories, like sorrows...
Dors en paix, mon ami, mon Pasqualino de Taormina, mon bel éphèbe grec qui me fait tant rêver.
Rest in peace, Pasqualino Stracuzzi, I will visit you next spring, when all the Taormina's almond trees will sing your eternal youth...
Sunday, December 19, 2010
Dans le jardin de von Gloeden / In von Gloeden's garden
"Mon jardin est un coin de paradis, un jardin de paradis, un paradeisos comme celui des rois Perses que décrivent Hérodote, Ctésias ou Xénophon. Mon paradis à moi est à Taormina, son soleil parfois africain, sa végétation et ses fleurs, sa terre et sa lumière.
Ici, tout est couleurs et parfums, c'est un jardin d'Eden, le jardin d'Adonis.
Mes bergers et mes paysans ne sont jamais nus, ils sont habillés d'ombre et de lumière, ils sont beauté et innocence, dans les jardins d'une longue histoire, dans les jardins de ma mémoire.
Carpe diem. Cueille le moment présent, le bonheur d'un jour, la jeunesse qui s'enfuit, la beauté qui s'oublie.
Mon appareil photographique saisit la vérité d'un jour, la vérité de toujours, l'être derrière les apparences, la beauté d'un corps, la beauté en soi.
Mes photographies sont le reflet de ce qui n'est plus, de ce qui est toujours: une beauté, une innocence, un instant, une éternité".
Von Gloeden Archive, Private notebook page, call number 1902/06/03.
"My garden is like a place in paradise, a garden in paradise, a paradeisos, like the gardens of Persian kings described by Herodotus, Ctesias or Xenophon. My own, my private paradise is Taormina, with its sun, sometimes an African sun, with its vegetation and its flowers, with its soil and its light.
Here, colors and perfumes are everywhere, it is the garden of Eden, the garden of Adonis.
My shepherds and my peasants are never nude, always shade and light are their clothes. They are mere beauty and innocence, in the gardens of a long story, in the gardens of my memory.
Carpe diem. Just try to catch the present time, today happiness, youth flying away, beauty before it is forgotten.
My camera catches the truth of a day, an eternal truth, being beyond mere appearances, a body's beauty, beauty by itself.
My photographs mirror what is no more, what stays for ever: beauty, innocence, an instant, eternity".
Von Gloeden Archive, Private notebook page, call number 1902/06/03.
Le Saint-Sébastien de Jean-Xavier de Combeloup
J'aime la simplicité de ce dessin de Jean-Xavier de Combeloup. Cette esquisse de Saint-Sébastien, tout en grâce alanguie et douloureuse, oscille entre la représentation classique du supplicié et la table d'anatomie. Les flèches pointent différents lieux du corps, et les désignent d'une lettre: anagramme de la mort et de l'érôs, invitation au regard pensif, aimanté par le beau visage résigné, par les courbes d'un corps juvénile, par la mélancolie sensuelle d'un archétype mythique qui irradie l'imaginaire européen des mille harmoniques d'un certain désir.
Merci à Nicole Canet.
Sur Jean-Xavier de Combeloup: voir le Catalogue d'exposition Du Vésuve à l'Atlas. Dessins, pastels, peintures : ici
I love the simplicity of this drawing by Jean-Xavier de Combeloup. This sketch of Saint-Sebastien, in a graceful, languished and suffering pose, is somewhere in between the classical depiction of the martyr and an anatomical plates. Arrows are pinpointing various places of the body and naming them with a letter: these letters compose like an anagram of death and eros, they call for a meditative gaze, a gaze magnetized by this beautiful and resigned face, by the curves of a juvenile body, by the sensual melancholy of a myth deeply rooted into the European cultural imagination and irradiating it with the harmonics of a subtle desire.
Thanks to Nicole Canet.
Re. Jean-Xavier de Combeloup, you could buy the Exhibition catalogue From Vesuvius to Atlas. Drawings, pastels, paintings: here
Friday, December 17, 2010
Poésie sicilienne
Au loin, la silhouette de l'Etna perdue dans la brume, entre la terre et le ciel.
Le rivage découpe la terre et caresse la mer d'une frange blanche: ce sont les bâtiments et les constructions de la modernité sicilienne, ils suivent le tracé de la route et du chemin de fer, au seuil du XXe siècle.
Des branches d'amandier griffent le ciel de leurs bourgeons en fleurs. Ils rappellent les fulgurances des calligraphies chinoises, où mille signes naissent au passage d'un pinceau.
Au premier plan, une scène bucolique et intemporelle, rêvée par Virgile ou peut-être Théocrite.
Deux bergers adolescents font face à l'éternité. L'un joue sur une flûte de roseau une très ancienne mélodie, le chant du vent et de la terre, des rochers et des arbres en fleur. L'autre est allongé, pensif, il écoute le chant du vent et de la terre, le souffle du roseau plaintif comme une voix.
Beauté des corps, modelés par l'ombre et la lumière, tendresse des bustes, fuselé des jambes lisses, visages bruns.
Devant eux, hors champ, le photographe, derrière son appareil bien stable sur son trépied.
D'une voix douce, avec un geste de la main qui semble flotter sur la musique et dans la lumière, Wilhelm von Gloeden murmure:
"Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi
silvestrem tenui Musam meditaris auena;
nos patriae finis et dulcia linquimus arua.
nos patriam fugimus; tu, Tityre, lentus in umbra
formosum resonare doces Meliboeum silvas."
"Couché sous le vaste feuillage de ce hêtre, tu essayes, ô Tityre, un air champêtre sur tes légers pipeaux. Et nous, chassés du pays de nos pères, nous quittons les douces campagnes, nous fuyons notre patrie. Toi, Tityre, étendu sous de frais ombrages, tu apprends aux échos de ces bois à redire le nom du beau Mélibée."
Saturday, December 4, 2010
The Gloeden Scandal (Memmingen, 2008)
En 2008, le Kunsthalle de Memmingen (Bahnhofstrasse 1) organisa une magnifique exposition sur l'oeuvre du baron von Gloeden: 400 photographies environ furent présentées, dont une grande partie provenait de la collection de Heinz-Peter Barandun. Un historien de la photographie, le Dr. Fritz Franz Vogel, et un professeur de littérature, le Dr. Joseph Kiermeier-Debre, étaient les concepteurs de l'exposition.
Cette exposition fit scandale et l'Office de la jeunesse de la ville de Memmingen tenta de la faire interdire. L'objet du scandale ? Les photographies de garçons nus, intolérables, immorales, faisant la propagande de la pédérastie, sinon de la pédophilie. Les journaux locaux furent inondés de lettres de protestation, des citoyens bien-pensants firent venir la police à l'exposition.
L'exposition de Memmingen ne fut pas fermée: il n'y avait rien d'immoral, rien de pédophile, rien de pornographique.
Le "politiquement correct" et le nouvel ordre moral devraient conduire à fermer tous les musées, à censurer les statues grecques et romaines comme les nus académiques. Cachez-moi tous ces corps que la morale ne saurait regarder de face... Corps féminins et surtout masculins, ces derniers suscitant tous les fantasmes homophobes.
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In 2008, the Kunsthalle of the Memmingen city in Germany (Bahnofstrasse 1) organized a magnificent exhibition devoted to von Gloeden's photographic work: around 400 photographs were on display, most of them from the collection of Heinz-Peter Barandun. The two curators of the exhibition were Dr. Fritz Franz Vogel, an historian of photography and a University professor of literature, Dr. Kiermeier-Debre.
This exhibition caused a scandal and the Office of Youth in the city of Memmingen tried to close it down. What was so scandalous ? Photographs of naked young men, so immoral, such a propaganda for pederasty or, let say it, of pedophilia. Local newspapers received many letters of protest, and citizens even called the police to visit the exhibition !
The Memmingen exhibition was not closed, because there was indeed nothing immoral, pedophile or pornographic.
Political correctness and the new moral order should logically lead to the closing of all the museums, to the censorship of Greek and Roman statues and of all the academic nudes as well. Please, hide all these bodies that moral should not look at ! Female bodies, or rather, mainly, male bodies, because they are awakening so many deep, homophobic fantasms....
Wilhelm von Gloeden - Auch Ich in Arkadien - Kunsthalle Memmingen (2008 exhibition)
Merci beaucoup à mon ami Jean-Pierre pour m'avoir autorisé à reproduire ses photographies sur mon blog.
Many thanks to my friend Jean-Pierre for allowing me to use his photographs on this blog.
Wednesday, December 1, 2010
Tuesday, November 30, 2010
Les Extatiques
"Chantez-moi doucement
La langueur des amants
Solitaires...
Chantez-moi, voulez-vous,
Le malheur d'être un fou
Sur la terre...
Dites-moi comme ils ont
Par les nuits de mousson
Parfumée,
Gémi au bord des mers
Au souvenir amer
Des aimées...
Est-il vrai qu'on les voit
Comme écoutant des voix
Invisibles?
Et que leurs yeux déçus
Rêvent à leur insu
L'impossible?
Nul n'entre-t-il jamais
Dans le deuil des palais
Où l'on pleure?
Moi aussi j'ai souffert
J'ai connu le désert
Dont ils meurent:
C'est pourquoi doucement
Chantez-moi les amants
Solitaires,
Chantez-moi, voulez-vous,
Le malheur d'être un fou
Sur la terre!..."
Jacques d'Adleswärd-Fersen
Ainsi chantait Marsyas, Poèmes
Florence et Paris, Librairie Leon Vanier, Editeur, p. 17-18.
Nino
"Ton nom, c'est de la lumière
Et du ciel bleu,
Un fil de soleil en prière
Au fond des yeux...
C'est la langueur italienne
Dans un baiser
Autour duquel mon âme vienne
Agoniser...
C'est le parfum suave et triste
Des morts de fleurs,
De ces fleurs rares qui n'existent
Qu'en notre coeur !
Et c'est l'appel aux voix lointaines
De ces pastours
Qui dans la campagne Romaine
Chantent sur les pipeaux leurs peines
Au long du jour...!
Et c'est l'appel aux voix lointaines
De ces pastours
Qui dans la campagne Romaine
Chantent sur les pipeaux leurs peines
Au long du jour...!
Jacques d'Adleswärd-Fersen
Ainsi chantait Marsyas, Poèmes
Florence et Paris, Librairie Leon Vanier, Editeur, p. 8-9.
Monday, November 29, 2010
Bucoliques / Bucolics
"Taormina, c'est le rocher et l'arbre, le ciel et la mer, le chant des cigales et la lumière qui les relient. Le paysage est un poème silencieux, mais il raconte des histoires au photographe qui sait l'écouter. Je regarde longuement les paysages de Taormina avant de choisir la toile de fond de mes photographies.
Je connais tous les chemins de la montagne, grâce aux bergers et aux chasseurs de Taormina"
"Taormina is nothing but rocks and trees, sky and sea: cicadas' songs and light create the link between them. Landscape is a silent poem, but it tells so many stories to the photographer who knows how to listen to it... I spend so much times contemplating Taormina's landscapes, before choosing the background of my photographs.
I am familiar with all the paths of the mountain, thanks to Taormina's shepherds and hunters"
"Taormina, c'est le rocher et l'arbre, le ciel et la mer, le chant des cigales et la lumière qui les relie".
"Taormina is nothing but rocks and trees, sky and sea: cicadas' songs and light unite them together".
"Le paysage est un poème silencieux... Mais à qui est cette tunique posée sur l'arbre ?"
"Landscape is a silent poem... But to whom belongs this tunic left on a tree ?"
"Que fais-tu là, jeune berger, mon ami, mon amant ? Cherches-tu l'ombre d'un arbre, au zenith du soleil ? Il fait si chaud, tout invite au repos, laisse glisser les étoffes, c'est le temps du sommeil... Jeune berger, mon ami, mon amant, nous nous sommes connus et aimés dans d'autres temps, dans d'autres vies, je ne t'ai jamais oublié, tu es un souvenir, tu es un espoir..."
"What are you doing here, young shepherd, my friend, my beloved one ? Are you looking for the shade of a tree, while the sun reaches its zenith ? Such a hot day, it is time for a rest, let your clothes fall down on the ground, it is time for a sleep... Young shepherd, my friend, my beloved one, we met and we were lovers in another time, in another life, but I never forgot you, you are my memory, you are my hope..."
"Mon ami, mon amant... as-tu rencontré dans les montagnes de Taormina Pan ou Dionysos, les satyres ou les centaures, les dieux qui voyagent à l'écart des cités des hommes, qui parlent aux roches et aux arbres et respirent avec le ciel et la mer ?"
"My friend, my beloved one... did you ever meet in Taormina's mountains Pan or Dionysius, satyrs or centaurs, gods travelling far from the cities of men: they are talking to rocks and trees, they breathe as the sky and the sea..."
"Les satyres de Dionysos, dit-on, voyagent en groupe, nul n'a jamais vu leurs visages, ils ne laissent voir que leur chevelure brune et leurs corps nus et musclés..."
"Dionysos' satyrs, according to the legend, are used to travel together, nobody has ever seen their face, they just allow mortals to grasp their dark hairs and their nude and muscular bodies.."
"Les satyres de Dionysos, dit-on, courent après les nymphes et les ménades et aiment à leur faire peur, dans l'érection de leurs désirs... Cependant, ils ne dédaignent pas les beaux garçons, les bergers à demi-nus rencontrés dans les montagnes. Ils leur tiennent des propos doux comme le miel, des paroles d'amour et de séduction, ils leur chantent des poèmes dans une langue inconnue, et leur parlent d'un désir que seuls les dieux et les garçons comprennent..."
"Dionysius' satyrs, according to the rumor, are chasing nymphs and maenads, and they have fun scaring them off, with their ithyphallic desire... However, they are not neglecting cute boys, the half-naked shepherds they sometimes meet in the mountains. They talk to them with words sweet as honey, words of love and seduction, they sing poems in an unknown language, and they express a desire that only gods and boys can understand..."
"Mon ami, mon amant, jeune berger des montagnes de Taormina, j'aimerais moi aussi t'avoir rencontré, entre l'arbre et le rocher, entre le ciel et la mer.
J'aimerais te dire moi aussi des mots doux comme le miel, et te persuader que l'amour d'un homme vaut bien celui d'un dieu...
J'aimerais te dire, te dire que... Je ne te rencontrerai peut-être plus jamais sur les chemins de Taormina, mais ta grâce, ta jeunesse me hanteront longtemps... et mes mots d'amour voudraient être doux comme le miel, doux comme les courbes de ton corps...
Mon appareil photographique, mon jeune ami, mon jeune amant, gardera pour toujours l'empreinte des ombres et de la lumière qui dessinent ta silhouette, gracieuse et inoubliable comme une mélodie".
"My friend, my loved one, my young shepherd in the Taormina's mountains, me too, I would love so much to have met you between the tree and the rock, between the sky and the sea.
Me too, I would love to tell you words sweet as honey, I would try to convince you that a man's love is worth being loved by a god...
I would like to tell, to tell you... I will probably never meet you again on Taormina's trails, but your graceful youth will haunt me for ever, and my loving word would dream to be sweet as honey, sweet as the curves of your body...
My camera, my young friend, my loved one, my camera will keep forever the print of shades and light that are outlining your silhouette, graceful and unforgettable as a melody is..."
Von Gloeden Archive, Bucolic poem (about one of my photographs), call number 1898/03/15/7.
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