Sunday, February 27, 2011
Rêveries photographiques
W. von Gloeden
"On dit souvent que ce sont les peintres qui ont inventé la Photographie (en lui transmettant le cadrage, la perspective albertienne et l'optique de la camera obscura). Je dis: non, ce sont les chimistes. Car le noème "Ca a été" n'a été possible que du jour où une circonstance scientifique (la découverte de la sensibilité à la lumière des halogénures d'argent) a permis de capter et d'imprimer directement les rayons lumineux émis par un objet diversement éclairé. La photo est littéralement une émanation du référent. D'un corps réel, qui était là, sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici; peu importe la durée de la transmission; la photo de l'être disparu vient me toucher comme les rayons différés d'une étoile. Une sorte de lien ombilical relie le corps de la chose photographiée à mon regard: la lumière, quoique impalpable, est bien ici un milieu charnel, une peau que je partage avec celui ou celle qui a été photographié."
Roland Barthes, La chambre claire. Note sur la photographie, Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil, Paris, 1980, p. 126-127.
Vient de paraître: Jacques d'Adelswärd-Fersen, Messes Noires. Lord Lyllian
Nous avons déjà rencontré Jacques d'Adelswärd-Fersen à plusieurs reprises dans ce blog, notamment à travers ses beaux poèmes.
C'est avec plaisir que nous signalons la réédition de son roman Messes Noires. Lord Lyllian aux éditions GayKitschCamp.
Le succès de Jacques d’Adelswärd-Fersen (1880-1923) ne se dément pas. Les éditions originales ou anciennes de ses livres se vendent aujourd’hui à des prix remarquables. Je lui ai consacré en 1991 un dossier, enrichi en 1993, qui permet de com prendre dans quel contexte polémique son œuvre s’est développée. On doit à Mirande Lucien d’avoir donné une image assez exacte d’Akademos, revue que Fersen a fondée en 1909 et soutenue toute l’année et qui peut à juste titre être considérée comme la première revue homosexuelle française. Jean-Claude Féray a attiré notre attention sur son œuvre littéraire aux éditions Quintes-feuilles. Alors qu’il vient de publier Jeunesse (1907), je suis heureux d’avoir enfin pu mettre la dernière main à cette réédition de Lord Lyllian (1905).
Lord Lyllian est un roman à clefs où se rencontrent les sommités homosexuelles de la fin du XIXe : Oscar Wilde, Lord Alfred Douglas, John Gray, Jean Lorrain, Joséphin Péladan, Achille Essebac, Robert de Montesquiou, Friedrich Krupp — et Fersen lui-même — ainsi que leurs égéries les actrices Ellen Terry et Sarah Bernhard. Les amateurs de ces personnages devenus de véritables icônes se réjouiront de la manière dont Adelswärd-Fersen les met en scène avec des dialogues très camp que Wilde n’aurait pas reniés et dans des poses mélodramatiques à souhait. J’espère que, comme moi, vous tomberez amoureux de Lord Lyllian, dans une nouvelle édition portée par d’éminents spécialistes respectivement de la littérature homosexuelle et de la littérature décadente, Jean-Claude Féray et Jean de Palacio.
Patrick Cardon
17 €
ISBN 978-2-908050-68-4
Disponible à partir du 1er mars aux librairies Les Mots à la Bouche, 75004 et Comme un roman 75003 Paris
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